La satire au théâtre

La satire au théâtre est fondée sur une double mise à distance : celle propre au genre théâtral qui « joue » la réalité ; celle de la satire elle-même, faite de vituperare et delectare, qui projette de manière implicite l’image d’un monde meilleur opposé à la réalité. De plus, l’absence au théâtre d’un meneur de jeu déclaré — comparable au rôle du narrateur dans le roman — fait que la polyphonie lui est inhérente et que, dans ce genre, le sens se constitue nécessairement sur le mode pluriel. Par ailleurs, le mode de communication du théâtre se distingue de celui des autres genres : les personnages parlent entre eux mais ils parlent aussi aux spectateurs. Enfin, autre facteur de complexité, l’écriture dramatique ne prend réellement vie que dans l’espace scénique. À ce niveau, le metteur en scène choisit d’accentuer tel ou tel élément constitutif du sens aux dépens d’autres potentialités du texte. On voit donc que la satire au théâtre est liée à la manière dont s’élabore le sens mais que ce sens n’est pas établi de manière sûre et une fois pour toutes.

Ces considérations théoriques — et d’autres — appliquées à la production théâtrale de l’espace germanophone depuis l’époque classique jusqu’à nos jours sont au centre des 19 contributions présentées dans ce volume. Elles portent sur les auteurs suivants : J. W. Goethe, G. E. Lessing, F. Schiller, G. Büchner, K. Kraus, C. Sternheim, G. Kaiser, B. Brecht, J. Soyfer, F. Dürrenmatt, E. Jelinek, W. Schwab, J. M. Koerbl, K. Specht, ainsi que sur la féerie viennoise populaire.