« Navire éternel mon pays »

L’auteur, par une approche diachronique du concept de la grécité, des chansons klephtiques à la littérature du XX^e siècle, traite d’un sujet riche qui préoccupe depuis des décennies la critique littéraire grecque et qui se trouve au coeur de l’esthétique du poète. Imprégné du concept de l’insularité, Elytis met en relief la mer Égée dans l’axe d’une lumière verticale, portant dans ses profondeurs, sans aucune rupture, au cours de son histoire, une immense civilisation. L’auteur met en évidence les composantes de la mythologie consciemment élaborée par le poète, un univers marin mythique, qui se situe à la jonction du physique et du métaphysique, cette Hellade où le beau et le bien s’identifient. S’appuyant sur un fond culturel hellénique très large, de Sappho à Solomos, l’ouvrage souligne d’une part, le renouvellement de la tradition dans l’optique du poète par des moyens d’expression libres et il met en valeur d’autre part, la contribution de la modernité, et plus particulièrement, du surréalisme, à la transcendance de toutes ruptures et d’apparentes contradictions. Centré sur la nature polyvalente de l’homme, et en rejoignant la philosophie d’Héraclite : « des discordances naît la plus belle harmonie », le poète réconcilie le paganisme antique au monothéisme byzantin, la matière à l’esprit, le temps à présent au temps à jamais, en révélant l’unité de la vie. Pour Elytis, la Grèce est une réalisation du Logos et de la Psyché, du rationnel et du mystique, ayant entrepris la tâche de saisir l’homme accordé dans et par sa totalité. Pour finir, l’ouvrage montre comment l’héritage de l’humanisme grec approche des aspirations de l’homme universel et comment les valeurs qui émanent de l’univers hellénique peuvent enrichir les esprits jusqu’à l’universalité.